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Revenu de Base Universel Histoire par Alexandre Serain Shvaloff Coaching Cadres

Le Revenu Universel serait-il une nouvelle Idée ?

La définition la plus courante désigne le revenu de base universel (RBU) comme un versement périodique d'allocations sans condition à tous les citoyens, sur une base individuelle.

L'idée d'un revenu minimum garanti pour tous les membres d'une société, nation, est beaucoup plus ancienne que l'idée plus spécifique et radicale d'un revenu de base général et inconditionnel. Le RBU n'a pas que des amis. A travers le monde et d'une façon transculturelle, ses détracteurs se trouvent d'une part au sein du patronat et des rentiers, ceux-ci étant animés par la peur de la diminution des profits, et d'autre part, dans une majorité de syndicats , ceux-là incluant les travailleurs effrayés par l'amenuisement de leur richesse et leur influence sociale. On trouve à l'inverse dans le club de ses supporters des penseurs de la gauche et de la droite, ainsi que des mouvements économiques libéraux (chez nous, on a tendance à les appeler "Ultras Libéraux", terme insignifiant comme "plus blanc que blanc…").

Les avancées dans les domaines de la robotique, l'automatisation et la "machinisation" des tâches pour lesquelles des millions de personnes sont embauchées comme main d'œuvres, ouvrent des nouvelles portes technologiques capable d'augmenter la productivité et les bénéfices. Ces nouveaux outils, permettant certes d'alléger le travail et apportant de la croissance économique, représentent néanmoins dans des mains avides et cupides, des armes pouvant exclure des populations entières de la vie sociale. Déjà prêtes à être mises en œuvre, distillées actuellement à très petites doses, ces technologies font la queue à la porte du monde du travail, attendant que leur application devienne socialement "available". Instinctivement, surtout dans des populations peu diplômées, un sentiment de malaise se développe en même temps que des politiques charlatanistes vendent des solutions miracles. Des mouvements, des partis anti-establishment se forment derrière des pseudo-idéologies aussi valables que celles des jongleurs démagogiques de haut talent qui commercialisent sous un packaging à l'eau de rose, une vie radieuse après la mort pour les martyres. L'écart grandissant entre les riches et les pauvres sert de fondation pour tout bonimenteur, marchand de solutions miracles antimondialistes prêt à tout pour séduire des populations peu diplômées, mal formées, déboussolées cherchant des lumières dans des pensées magiques! Serait-ce le prix à payer contre une digitalisation mondiale sans loi ni limites?

À l'heure actuelle, 1% de la population mondiale détient plus de 35% de toutes les richesses privées! Selon Oxfam (1), les huit personnes les plus riches du monde ont la même richesse que 3,6 milliards des plus pauvres dans le monde! Le premier "trillionaire" peut le devenir au cours des 25 prochaines années! En attendant, une personne sur neuf se couche sans avoir mangé tous les soirs et une personne sur dix gagne moins de deux euros par jour. La nature n'aimant pas le vide, chaque action produit des réactions pour obtenir un semblant d'équilibre. Les sociétés humaines dupliquant souvent le comportement de la nature et réagissent ainsi avec violence quand certaines gouttes débordent du vase. Nous observons alors des mouvements, des révolutions, pour la plupart dévastateurs - surtout pour la vie humaine. En dehors des préoccupations mercantiles de type: "Donnez-leur un peu d'argent et beaucoup de loisirs passifs afin qu'ils détournent leur regard de nos richesses", le RBU reflète en réalité, depuis des siècles, les qualités humaines inhérentes à notre génétique!

Vieux comme le Monde ?

L'idée de partage et d'entre-aide semble aussi vieille que l'apparition des hommes sur terre, du fait de leurs propriétés biologiques d'empathie! Avec l'avènement de la Renaissance, la tâche de s'occuper du bien-être des pauvres a cessé d'être considérée comme la réserve exclusive des églises et de la bienfaisance. Dans son livre "Utopia" (3) publié en 1516, Thomas More fait dire au voyageur portugais Raphaël Nonsenso qui est témoin d'une conversation avec John Morton, l'archevêque de Canterbury qu'un revenu de base pour tout le monde serait un remède beaucoup plus efficace à diminuer les vols et le nombre de voleurs que la sentence de mort appliquée largement à l'époque!

Juan Luis Vives (1493-1540) Fondateur du Revenu Universel de Base

En 1525, après la publication de son mémoire adressé au gouverneur de Bruges sous le titre de "De Subventione Pauperum - Sive de humanis necessitatibus libri II" (Assistance aux Pauvres ou contre la Pauvreté), un humaniste espagnol, désigné par Montesquieu comme celui qui a brillé encore plus que More et Erasmus, Juan Luis Vives est devenu le fondateur de l'idée de la nécessité d'un minimum de subsistance pour tous les résidents de la terre considérés comme créatures de Dieu. Cet ouvrage comporte un vrai plan d'installation et d'application d'un revenu de base aux pauvres avec une riche argumentation fondée à la fois sur des considérations théologiques et pragmatiques. Ces idées ont été mises en application un peu plus tard en Belgique, à la municipalité d'Ypres.

De l'Angleterre à la France, l'impact des idées de Vives s'est fait sentir à travers l'Europe.
On retrouve l'inspiration de ses pensées au cœur des actions sociales de secours donnés aux pauvres émergeant sous différentes formes à partir de 1536 en Espagne et en Angleterre.
Vers la fin du 18ème siècle, l'atténuation de la pauvreté dans toute l'Europe devient une idée politiquement importante. Une des premières personnes connues à esquisser l'idée est le mathématicien, journaliste et militant politique de premier ordre, le marquis de Condorcet (1743-1794). Après avoir joué un rôle de premier plan dans la révolution française, à la fois en tant que journaliste et en tant que membre de la Convention, Condorcet a été emprisonné et condamné à mort. Pendant sa fuite, réfugié chez une amie, il écrira "l'Esquisse d'un Tableau Historique du Progrès de l'Esprit Humain (publié à titre posthume en 1795)". Un chapitre y est consacré à la création d'une ébauche de la "sécurité sociale" dont le but est de réduire les inégalités, l'insécurité et la pauvreté.

En 1792, le philosophe anglo-américain Thomas Paine propose dans son livre-pamphlet "Justice Agraire"(2) que tout citoyen puisse bénéficier d'un montant égal à l'âge adulte alloué par l'état. Il l'argumente dans un sens biblique avec l'idée que la terre était un bien commun à tout homme, avant que les civilisations s'y installent.
L'influence de Paine sur la réflexion sociale des politiques a donné lieu en Angleterre à une série d'expériences dont l'une, connue sous le nom de "Le Système Speenhamland" (5), est mise en œuvre en 1795. Amendant les "lois sur la pauvreté" élisabéthaines déjà en vigueur, les dirigeants anglais ont voulu soulager les pauvres, en fonction du prix du pain et du nombre d'enfants que les résidents de Speedhamland possédaient. Cette expérience sociale n'émane pas seulement d'une vision charitable mais aussi de la peur de soulèvement du peuple contre les élites, comme en France révolutionnaire. A cause du prix du pain. N'oublions pas qu'à l'époque l'Angleterre est en guerre contre la France. De plus, les aléas climatiques empêchaient des récoltes de blé de qualité satisfaisante et les routes d'importations des céréales venant de l'Europe étaient majoritairement coupées. Un bouillonnement social s'étale dans le pays et des émeutes alimentaires sporadiques au printemps de 1795 commencent à faire peur. Le jeune premier ministre de Georges III, William Pitt the Young (6), essaie alors d'instaurer le système de Speedhamland sur la totalité du territoire anglais et gallois. La loi n'a pas réussi à passer au Parlement. Cependant, l'aventure pour un revenu de base continue au Royaume Uni. L'idée est relancée par des philosophes, des économistes, des religieux et des politiques sans aboutir à une concrétisation sociale. Dans les années 1920 cette idée a été revivifiée par le couple Dennis et Mabel Milner dans un pamphlet " Scheme for a State Bonus: A rational method of solving the social problem " (Un Modèle de Bonus d'État: une méthode rationnelle de résolution du problème social) (7). Tout de suite, un mouvement de pensée "The State Bonus League" en reflet de ce livre se constitua au sein du Parti travailliste proposant plusieurs fois des projets de loi, tous rejetés par le parlement.

Dans les mêmes années, un ingénieur britannique et philosophe, C.H Douglas a développé une nouvelle approche économique nommé "Social Credit" (Valorisation ou "Ascenseur" Social(e)). Cette démarche intellectuelle proposait une révision complète des lois sur le marché et les impôts en y incluant la création d'un revenu de base.

Toujours au Royaume Uni, un rapport de loi a vu le jour en 1942. Le "Beveridge Report" stipulait un système de sécurité sociale sélectif pour ceux qui n'y avait pas accès. Beveridge lui-même n'a pas aimé les processus de sélection créant des taux d'imposition élevés pour les pauvres. Après la deuxième guerre mondiale, le "modèle Beveridge" est devenu le schéma directeur de l'état de providence en Grande-Bretagne et dans les pays du Commonwealth (8).

Plus récemment des expériences ont eu lieu aux États-Unis, au Canada, en Namibie, en Inde et au Brésil. Actuellement le Canada, la Finlande et les Pays-Bas ont l'intention de suivre cet exemple en garantissant un salaire universel qui se situe au-dessus du seuil de pauvreté à vie.

Références

  1. Eight people own same wealth as half the world, Melanie Kramers, Senior Press Officer, 16th Jan 2017, Press Releases, Oxfam
  2. Writings, Paine, Thomas (1993). E. Foner ed., Philadelphia, Library of America.
  3. L'utopie, Thomas More, 2016, Essai (eds. poche)
  4. Dieu à notre commerce et société: Montaigne et la théologie, Philippe Desan, Eds. Droz, 2008
  5. Society and Politics in England 1780-1960, J. F. C. Harrison, eds. Harper & Row, 1965
  6. The First Industrial Revolution, Deane Phyllis, Cambridge Press, 1965
  7. The Origins of Universal Grants: An Anthology of Historical Writings on Basic Capital and Basic Income, John Cunliffe, Guido Erreygers, Springer, 2008
  8. Social Insurance and Allied Services, Beveridge William, British Library, 2014

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