Coaching PERSONNALISÉ POUR CADRES

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Alexandre Shvaloff Coaching Counsellor Business and Life Goals Facilitator, Big Data

Big Data - Brother ?

Aux USA, plusieurs associations de consommateurs ont porté plainte contre Genesis Toys et Nuance Communications devant la Commission Fédérale du Commerce (FTC). Ces produits, comme "Hello Barbie" de Toy Talk facilement piratable par le réseau Wifi, sont susceptibles de cueillir des données dans un foyer (voix, comportements etc.) et les conserver dans des bases de données pour des analyses à long-terme. Parmi ces entreprises, Nuance Communications concède l'utilisation de ces données, recueillies pour soi-disant améliorer ses produits mais cette société fait le commerce de ces données en vendant ses services à des agences militaires, de renseignement et de police. Au moins dix-huit associations de défense des consommateurs et de protection de l'enfance dans quinze pays européens vont porter le dossier devant les autorités concernées.

Les questions qui en découlent ne sont pas dans le domaine informatique mais simplement éthique.

Ces questions sont en train de dépasser largement la capacité de nos démocraties à protéger les citoyens.



Servitude Volontaire ou Inconsciente ?

En dehors de la contradiction entre le comportement d’obéir à la raison et l’assujettissement, le big data et ses utilisations génèrent une autre condition qui est la servitude involontaire vis-à-vis des données obtenues des utilisateurs. La servitude peut être considérée comme une absence de liberté et soumission à l’autre. Dans le cas de big data, l’autre ne peut être que la structure qui collectionne et gère les données ainsi que ceux qui possèdent ce genre de structures. Dans le processus de soumission involontaire le consentement est très souvent obtenu par un ou des clics de souris lorsqu’on utilise internet. Il serait intéressant de réfléchir sur le principe du libre choix du consentement éclairé et de la participation de la personne. Si jamais on se calque sur une directive européenne traitant du domaine de la santé et des essais thérapeutiques, le consentement éclairé  est une décision de s’engager dans un processus de résolution d’une problématique sociale qui doit être écrite, datée et signée, prise de plein gré après avoir été dûment informé de la nature, de la portée, des conséquences et des risques et avoir reçu une documentation appropriée, par une personne capable de donner son consentement. Le domaine de la santé exige le secret professionnel, accès à l’information d’un côté, respect de la dignité et de la vie privée de l’autre. Peut-on alors espérer les mêmes préoccupations éthiques dans le domaine social? Selon Kant, ([...] agir de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen [...])  il ne faut instrumentaliser autrui quelle que soit la raison, bonne ou mauvaise (01). Également, Kant souligne l'importance de la dignité de la personne quelle que soit les conditions ([...] ce qui a un prix peut être aussi bien remplacé par quelque chose d’autre, à titre d’équivalent ; au contraire, ce qui est supérieur à tout prix, ce qui par suite n’admet pas d’équivalent, c’est ce qui a une dignité [...]) (01).  La recherche d'information sur des personnes, objets, activités, centres d'intérêt sur internet ne laisse pas seulement des traces mais aussi parle de nous aux machines. Avec l'évolution de l'intelligence artificielle, les programmes, les algorithmes nous analysent, nous caractérisent, nous classifient comme-si on passait des tests psychologiques de personnalité sans en être vraiment d'accord.

Peut-on vivre sans internet ?

Je ne pense pas que l'on peut évincer cette question par une affirmation positive. Certes, par choix d'une vie "naturelle", on peut se couper de beaucoup de sources d'information, de centres d'intérêt, de commerces numériques mais dans un monde où même les administrations des états se digitalisent et nous obligent à posséder une connexion internet pour nos démarches des plus officielles, comment exister, survivre et faire? Puisque que les sociétés semblent toutes considérer que l'internet fait partie inhérente de la vie sociale, le consentement éclairé devient problématique.


Réflexions sur le consentement éclairé

Problème du choix

Avons-nous vraiment le choix d'abandonner internet pour éviter tous ces enregistrements par autrui de l'historique de nos navigateurs, des cookies qui parlent aux machines pour déterminer quel est notre profil, notre personnalité, quelles sont les publicités qui pourront nous attirer, quels sont les prix qui seront affichés lors de notre visite sur un site marchand. Par exemple, certaines compagnies de voyage augmentent automatiquement les prix affichés selon des algorithmes qui analysent préalablement un profil de visiteur. Si vous apparaissez intéressé par un voyage, il n'est nul nécessaire d'appliquer un prix avantageux. Au contraire, vous êtes considéré comme "ayant tendance à payer le prix fort"!. En l'absence totale de régulation dans le domaine digital comment fixer un cadre, des contours ou limites légaux ? Comme vous êtes très souvent obligé d'enregistrer votre profil avant d'accéder aux prix ou acheter votre billet, vous avez déjà cliqué sur un bouton demandant votre consentement "éclairé"! Ca y est, vous êtes considéré comme "pigeon commercial".

Etendu du consentement

Combien parmi nous avaient lu ces longs textes expliquant avec des termes juridiques en veux-tu en voilà derrière les boutons "OK" ou "J'ACCEPTE" avant de cliquer ? Il devient légitime de s'interroger sur le cadre éthique et des abus d'utilisation du consentement par un simple clic. A chaque site visité, à chaque interrogation d'un moteur de recherche, nous laissons derrière nous des indices, ainsi que la "contamination" par cookies de nos ordinateurs, et perdons ainsi notre droit à l'anonymat sans même nous rendre compte. Et que dire des enfants, des jeunes adolescents, des personnes âgées ou encore, des personnes souffrant des maladies neurodégénératives évolutives…


Par un simple "clic"

L'idée de "Libérez vos pulsions facilement et rapidement par des simples clics" semble promouvoir le monde marchand numérique. Il ne s'agit pas seulement de vendre des marchandises par internet mais aussi collecter, cataloguer, analyser et revendre les profils d'acheteurs aux autres entreprises commerciales, aux institutions étatiques, juridiques etc. Une culture d'insouciance invite en permanence les usagers des services d’internet pour plus de facilité, plus de fausse liberté, plus de rapidité. La culture numérique est vulgairement condensée en : " Ayez des réflexes d'efficacité et de rapidité lors de vos achats, aucune attente ne devrait être ni nécessaire ni supportable !". Peut-on parler alors d'une adhésion à cette culture ? Le côté "sans filtre" des achats, sans passer par un banquier qui nous ferait les gros yeux nous enlève tout sentiment de retenu, de culpabilité. Cette facilité numérique décomplexée risque aussi d'installer doucement une addiction du plaisir rapide, sans contrainte ni jugement. L'explosion exponentielle des utilisateurs des réseaux sociaux oùl’on peut avoir des milliers d'amis non suscités s'installe comme un remède contre la vie terne, crée le besoin et la dépendance à l'interaction numérique de même sorte qu'à une drogue d'où les services hospitaliers spécialisés aux addictions numériques !


A l'insu de mon plein gré

Mais alors, tous ces millions de gens qui ouvrent leurs envies, leurs désirs, leurs vies privées si facilement aux machines, comme si derrière les ordinateurs il n'y avait pas des personnes voulant profiter de chaque information, seraient-ils inconscients? La facilité de cliquer sur un bouton, le manque d'information par rapport aux conséquences d'une telle exposition de la vie privée sur internet ne poserait-il pas le problème de l'insu ? Par une simple définition, l'insu est ce qu'on fait "sans qu'on le sache, sans que l'on s'en rende compte, sans conscience". Peut-on vraiment parler de la liberté de choix ou du libre arbitre devant un écran nous liant à internet sans une connaissance approfondie des ruses et des intentions du monde digital marchand? De plus, avec le développement des détecteurs, des sondes, des capteurs, des caméras de vidéo surveillance intelligentes, des caméras des jouets de nos enfants, de nos écrans téléviseur, de nos ordinateurs, nos comportements sont enregistrés dans le domaine public. Chaque paiement par carte bancaire informe des institutions qui détiennent notre adresse, nos numéros de téléphone, analysent nos achats, nos activités, voire nos tendances politiques et sociales par le biais des cotisations aux associations, partis politiques etc. Toutes ces données, avec le temps, permettent de diriger un profil comportemental et social, des pensées politiques de chaque individu. Nos interactions avec l'environnement deviennent qualifiables. Il suffit par exemple de cotiser à une association comme "Amis de la Confédération Paysanne", faire des achats fréquents chez le commerçant bio du coin, acheter une place de cinéma pour voir "Merci Patron" pour être classé comme personne socio-économiquement de gauche et potentiellement sensible pour des achats écologiques ! On peut légitimement s'interroger sur la nature des données que les systèmes d'exploitation numérique extorquent et l'usage que ces systèmes font de ces données. Dans le cas du Big Data, il s'agit très clairement de l'obtention d'information par la ruse et la dissimulation.


De l'attention à l'intentionnalité

Le paradigme initial entre l'individu et l'internet est fondé sur la capture des flux et sur la nécessité d’attirer l'attention. Ce paradigme bipartite est constitué d'un côté d’une masse de visiteurs naviguant gratuitement sur des sites web et de l'autre côté, de sites visités offrant aux publicitaires des espaces visant frapper le regard des visiteurs. Les choses ont changé avec le temps.
Actuellement, l'évaluation de la personne s'effectue uniquement par des machines à partir des traces laissées, détectées sans finesse ni compréhension humaine. Alors, ces informations reconstituées d'un individu, bien qu'elles soient erronées, tordues, aident à construire une photo d'identité qui risque de le figer dans une configuration dommageable. Les machines faisant abstraction du sujet, l'individu est défini par sa potentialité commerciale d'une façon spéculative. Ces évaluations sur nos potentialités ne s'arrêtent pas à la caisse des e-boutiques. Seriez-vous d'accord si votre futur employeur faisait une recherche sur vous à partir de l'évaluation des opérations enregistrées de votre carte bancaire? La mondialisation et la délocalisation, cerises sur le gâteau, facilite des transactions entre détenteurs des données personnelles et entreprises spécialisées en vente d'information, ni vu ni connu. D'autant plus qu'un simple croisement analytique des machines perfectionnées à partir des traces laissées sur des réseaux sociaux, des photos publiées depuis le collège, ou des commentaires d'adolescents ou de la jeunesse abordant des sujets politiques et sociaux ne reflétant point l'individu d'aujourd'hui,risquent de devenir dommageables à l’égard d’une carrière ou de la vie sociale. Ici aussi, il ne s'agit pas d'analyser l'individu mais de définir l'individu d'une façon spéculative dans un champ d'actions de possibilités. Ainsi, à 40 ans en cherchant un nouveau travail, la sensibilité pour des causes sociales, les commentaires sur des sujets sociétaux enregistrés lors des années de lycée pourraient cataloguer l'individu de "possible" lanceur d'alerte inapte à exercer des postes exigeant une discrétion totale et loyale!
Les machines actuelles ne cherchent pas à savoir ce que l'individu "est" mais à prédire spéculativement ses propensions à venir, anticiper, prévoir les intentions, deviner l'individu par avance.


Minority Report frappe à la porte

La prédictibilité des individus par des machines dotées d'intelligence artificielle intéresse au plus haut point certaines agences étatiques. Aux USA qui fait figure de pionnier, le projet "FAST (Future Attribute Screening Technology)" du département de "Homeland Security" serait d'identifier les terroristes potentiels en utilisant un laboratoire embarqué dans des véhicules pour surveiller les signes vitaux, le langage corporel et d'autres manifestations psycho-physiologiques des individus observés. Évidemment, l'efficacité d'un tel projet exige que les individus soient tous calmes, et "non malades": la machine ne faisant pas la différence entre un individu qui est sur le point de commettre un attentat, et celui qui présente une rougeur du visage liée à une hypertension, fièvre, ou diabète... Les systèmes se fondant sur l'analyse des données volumineuses font leur commerce en proposant des services de police prédictive. L'université de Rutgers a déjà vendu le logiciel "RTM-Dx" aux polices de Colorado, de Texas, de Missouri, de New Jersey, de l'Arizona et de l'Illinois pour obtenir des corrélations entre les lieux du crime et l'environnement (magasins, parcs, boîtes de nuit, restaurants etc.). Le "Social Media Monitor" de "Lexis Nexis Risk Solutions" est un logiciel conçu pour détecter toute délinquance sur des réseaux sociaux à la fois prédictive et factuelle. Par exemple, si une zone géographique présente une certaine criminalité, à l'aide des mots clés et en filtrant tout message émanant ou ayant déjà  été posté de cette zone géographique sur des réseaux, la police aurait plus de chance de cibler des individus ayant commis ou susceptibles de commettre de futures actes de délinquance.  IBM, Badge Buddy, Google développent également des logiciels de prédiction de criminalité future (11).
Mais qui définit ce qu'est un acte criminel ! Kim Jong-Un, Putin, Abou Bakr al-Bagdati, Bashar el-Hassad ?

 

1984 est-il demain ?

Georges Orwell a vu juste me diriez-vous !(04). Avec un peu de recul, il ne s'agit pas de surveillance, de caviardage concernant le contrôle des irréductibles empêcheurs de tourner en rond. Pour ceux qui se poseraient des questions en cherchant une rationalité et humanisme dans l'évolution galopante du monde numérique, il y a sous-veillance dans le vrai sens du terme (06)! La politique utilisée par Philip Morris, louant les services des professeurs de médecine pour brouiller les esprits et inondant l'espace public de fausses publications, a bien fait ses preuves (05). Une stratégie bien connue : dans beaucoup d'enquêtes, les officiers de l'exécutif sont noyés sous un amas de documents afin de les dégoûter d'investiguer. l'internet sert à cela. En veux-tu en voilà et en overdose! Se faire une idée d’un sujet d'une façon rationnelle devient difficile. Lire tout et faire son choix sans se faire écraser sous une profusion de pages affichées exige une discipline intellectuelle de fer. Les moteurs de recherche même peu intéressés par des profits imminents comme "DuckDuckGo" n'échappent pas à cette règle. Ceux-ci fonctionnent souvent en tenant compte des choix précédents des utilisateurs. Ces machines qui nous veulent du bien essaient de nous orienter vers des sites considérés préalablement comme plaisants pour l'utilisateur. On est dirigé vers certaines pages plutôt que vers d'autres. Essayer de changer d'IP et constatez par vous-même si vous tombez ou non sur les mêmes pages à partir du même mot de recherche! D'autre part, la loi des chiffres fait le bonheur des sites ayant payé pour obtenir une place au soleil ou bien des sites diffusant de la désinformation scandaleusement la plus totale et qui se voient classés en haut de la page par rapport au nombre de clics reçus. Les manipulations informatiques par des machines cliqueuses ont le vent en poupe! "Trop d'information tue l'information" trouve un sens.

La liberté dans tout cela

Peut-on encore parler de l'autonomie de l'individu chère à nos démocraties dans un monde où chaque pas est enregistré, catalogué et utilisé ? L'autonomie n'est-t-elle pas la liberté de l'individu d’interagir avec son environnement selon ses propres forces, motivations et éthique ? Dans un monde numérique non cadré où l'individu n'est plus un être humain mais un potentiel comportemental obligé de s'exposer, de se donner aux machines intelligentes, qui peut encore parler de libre arbitre, de vivre selon sa propre éthique ? Quand la soumission aux normes selon lesquelles l'humain peut être réduit à une somme de données servant à réguler sa vie, les concepts d’aliénation chez des philosophes du 19ème siècle ou d'hétéronomie - désignant agir, mouvoir, vivre selon une culture imposée - ne sont pas loin !

C'était quoi déjà un humain?

Peut-on exclure la réflexion, la curiosité, l'exploration, la conscience et les croyances de la condition humaine ?  La réflexion et la démarche épistémologique sont inhérentes à l'être humain. La science et la technologie se sont ainsi développées par des réponses à des questions qui, souvent, ne se posaient pas. La théorie, le parfum concentré de la réflexion est la compréhension. La compréhension du monde est le seul propos de la science. "A quoi bon de réfléchir autant" dit Box (07), puisque tous les modèles et théories sont faux ! Alors pourquoi ne pas adopter un modèle utile, même s’il est faux ? Les adeptes de " laissez tombez les tarabiscotages intellectuels" se font entendre par la voix de Chris Anderson qui annonce la fin de la science, s'appuyant sur le modèle de Google (08). Ils ne savent pas pourquoi une page est mieux qu'une autre mais les statistiques des liens vers ces pages le disent et cela est bien suffisant. Une réalité construite sur des corrélations sans réflexion présente-elle la "modernité" ? Si on mettait en corrélation par exemple, l'utilisation de dentifrice depuis 1950 et le nombre de tués dans des accidents de voiture, ne trouverions-nous pas une très forte "réalité" de lien qui n'a aucune signification que statistique ? Jongler avec la logique pour créer des "réalités farfelues" ne datent pas d'aujourd'hui. Le "pari de Pascal" qui consiste à croire utile à l'existence de Dieu même s'il n'existe pas semble être réactualisé par des supporters de Big Data. Pascal pense qu'on a tout intérêt à croire en Dieu, que Dieu existe ou non. En effet, si Dieu n’existe pas, le croyant et le non croyant ne perdent rien. Par contre, si Dieu existe, le croyant gagne le paradis tandis que le non croyant est enfermé en enfer pour l'éternité ! Des philosophes pragmatistes considérèrent d’ailleurs totalement inutile de faire des efforts mentaux quand la réflexion n'est pas d'une quelconque utilité (10) ?
Emanant de la créativité, de la curiosité et de l’exploration et très souvent échappant à l'utilité, les arts, la littérature, la philosophie auraient-ils encore un avenir ?

Le droit

Si jamais on devait simplifier tout ce texte, on arriverait aux questions suivantes "Avez-vous donné votre consentement en toute connaissance de cause pour le déballage de votre vie privée et êtes-vous conscient des conséquences de ces intrusions ?". Selon les articles 1130 et 1144 de loi sur "Les Vices du Consentement", le consentement n’est pas libre lorsqu’il est contraint par la violence. Il n’est pas éclairé lorsqu’il a été donné par erreur, par extorsion ou surpris par une manœuvre frauduleuse visant à tromper une personne. L’ordonnance conserve ces trois vices du consentement et étend considérablement le vice de violence à travers la notion nouvelle "d’abus de l’état de dépendance" qui accueille notamment, mais pas seulement, la violence économique.

 

Législateurs

Ceux qui font les lois, les élus, semblent être à la traîne par manque de connaissances ou par faiblesse d'esprit. Comme modèle, le mieux que l'on ait toujours ce vieux schéma de consentement papier, signé, daté utilisé lors des interventions thérapeutiques. Les choses se passent ailleurs. Il s'agit d'inventer la gouvernabilité numérique (09). A l'état actuel cependant, la tendance est de considérer la société comme un agrégat d'individus séparés avec des intérêts divers et prendre le pouls pour gérer au plus près les états d'âme - au lieu de proposer des horizons transcendants pour des projets communs. Ceux qui pensent que la politique est une optimisation managériale d'un état de fait social en recourant sans cesse à des sondages ou à des questionnaires,ne peuvent proposer une vision commune fédératrice. Les chiffres en parlent:sur les 7,5 milliards d’habitants, 3,81 milliards sont internautes (51%) et 2,91 milliards sont actifs sur les réseaux sociaux (39% de la population mondiale), temps passé sur les réseaux sociaux : 1h20 par jour en France (02). Si la politique est de caresser dans le sens du poil, il est évident qu'entreprendre des réglementations, cadrer, empêcher les abus à coups de lois, limiter certaines utilisations demeurent impopulaire, anti commercial et contre révolutionnaire digital. Très peu d'élus ont envie de la fin de Socrate qui disait "Mais peut-être que, fâchés comme des gens qu’on éveille quand ils ont envie de s’endormir, vous me frapperez, et, vous me ferez mourir sans scrupule. Et après, vous retomberez pour toujours dans un sommeil léthargique […] "(03).

L'espoir

Et si le Socrate prochain, le sauveur de l'humanité était un futur Patrick McGohan, le héros de la série "Le Prisonnier"? Vivant dans un village global hautement numérisé où tout ce qui n'est pas imposé est interdit y compris le bonheur et l'entente entre voisins. L'imposition de tout acte est contrôlé par des enregistrements jusqu'aux moindres détails pour "mieux" orienter, guider. De ce village global, notre sauveur exploitait tous les moyens pour partir "ailleurs" mais se faisait toujours attraper par des hommes en blouses blanches. Jamais vaincu, il réessayait encore et encore en ne perdant jamais l'espoir un jour de réussir et en criant chaque fois qu'il se faisait attraper "Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre"! Dans une société quand il y a du recul et de la résilience, même les hommes politiques sont obligés de prendre en compte la nécessité de régulations éthiques du monde globalisé. Enfin, on espère…

Bonjour chez vous!

 

Numérique selon nos politiques

- L’ensemble de notre organisation sociale est redéfinie par le numérique.
- Les contours de cette transformation restent largement à inventer. L’Etat doit accompagner cette transformation afin qu’elle soit une opportunité : opportunité de créer de l’emploi et de l’activité ; opportunité d’améliorer la vie quotidienne.
- Le numérique ne doit pas être réservé aux plus agiles ni aux plus favorisés, ni aux plus urbains.
- Chacun doit y trouver les moyens de gagner en autonomie, d’avoir la capacité d’agir, d’entreprendre et de choisir sa vie. Le cœur du défi économique français, c'est de prendre en compte les grandes transitions numérique et énergétique.
Emmanuel Macron, 17 juin 2016

 

 

Références

  1. E. Kant "Fondements de la métaphysique des mœurs", 1785, Livre de Poche, 1993.
  2. Blogue du Modérateur,https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-reseaux-sociaux/
  3. Platon "Apologie de Socrate-Criton-Phédon", Livre de Poche, 1992.
  4. G. Orwell, "1984", Livre de Poche, 1972.
  5. Fourcat, "Quand les cigarettiers détournent la science", http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/12/23/quand-les-tabagistes-detournent-la-science_1622464_3244.html
  6. Steve Mann, "Mediated Reality", International Journal of Human-Computer Interaction,Special Issue, 2003.
  7. Box, G. E. P.; Draper, N. R, "Empirical Model-Building and Response Surfaces", John Wiley & Sons,1987.
  8. C. Anderson, "The End of Theory: The Data Deluge Makes the Scientific Method Obsolete", Wired, 2008.
  9. A. Rouvroy & B. Stiegler, "Le régime de vérité numérique: De la gouvernementalité algorithmique à un nouvel état de droit", Socio, 2015.
  10. A. Boncompagni, "Wittgenstein and Pragmatism: On Certainty in the Light of Peirce and James (History of Analytic Philosophy)", Palgrave Macmillan, 2016.
  11. Y. Mor, "Big Data and Law Enforcement", Wired, 2016.

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