Pas plus tard qu'il y a une semaine, nous avons été sollicités, une fois de plus, par un cadre supérieur, en état proche d'une explosion nerveuse à cause de la charge de travail devenue insupportable selon ses dires. C'était le troisième cadre qui nous contactait pour les mêmes raisons depuis un mois! On se demande toujours pourquoi attendre aussi longtemps et ne pas nous contacter avant que cela devienne une urgence ?
Prévenir sera toujours moins coûteux et plus facile à aborder que guérir... Mais, c'est la vie.
Notre but n'est pas de vous donner des recettes à la noix de type "5 exercices que vous devez faire pour réussir dans la vie". Elles sont très souvent rédigées par des gens qui n'ont jamais été des managers de haut vol, ni de leaders. Un livre dont le titre "Devenez Riche en Un An" a l'unique but de rendre riche, en un an, celui qui l'a rédigé et pas ceux qui l'achètent. Ces auteurs sont des personnes intelligentes ayant compris la psychologie et la crédulité des autres.
Ici, nous allons simplement ouvrir un certains nombres de pistes de réflexion.
La complexité organisationnelle est un domaine des mathématiques. Ces concepts théoriques s'appliquent de la "création de la vie", à la gestion des entreprises multinationales, en passant par le fonctionnement des services d'un Etat. Ayant coaché depuis plus de 15 ans des cadres supérieurs, après avoir développé des entreprises, nous constatons qu'à partir d'un palier, les entreprises comme tout ensemble complexe, commencent à devenir des usines à gaz.
Les modèles mathématiques de simulation informatisée nous montrent également que la taille compte... Ces modèles seront le sujet d'un autre article.
La problématique ne réside pas que chez les entreprises où le management général ne s'intéresse qu'aux chiffres qui font plaisir aux actionnaires. Il s'agit de la taille et de la complexité fonctionnelle des structures mises en place. Quand la taille dépasse un certain palier, on y observe souvent des haut-managers proches de la rupture (burn-out) eux-mêmes. Le haut management, par manque de temps de pouvoir prendre du recul est tourné vers des objectifs théoriques surchargeant les cadres supérieurs. C'est le meilleur des cas. Il s'agit d'un niveau où s'opèrent les limites des compétences chez les hauts managers. David Bowie, lors de son anniversaire de 50 ans à Madison Square Gardens a très bien décrit cette situation que des poètes ont révassé en "bateau ivre" :
"Je ne sais pas où je vais mais, je vous garantis que ce ne sera pas triste!" (I don’t know where I’m going from here but I promise it won’t be boring).
Pour beaucoup de cadres, dont la performance est mesurée par la proximité des résultats aux objectifs prédéfinis, le risque est malheureusement de glisser un peu plus, tous les jours, dans une tristesse pour finir en "burn-out" (Le résumé d'un méta-analyse sur plus de deux cents études de burn-out: http://bit.ly/38apjY5 ; et sur le stress au travail: http://bit.ly/2uxe2Cs).
Par ailleurs, dans d'autres cas, surcharger un cadre afin de l'éjecter du système demeure un outil de management enseigné dont l'observation est devenue étonnamment ordinaire.
Donc, la première chose à faire sera d'analyser le problème et trouver ces sources (organisation, individus, relations hiérarchiques etc). Il serait également intéressant d'inclure dans le paysage, les sensibilités individuelles. Ces sensibilités sont comme la résistance aux douleurs. Certains individus les supportent mieux que d'autres.
Nous commençons dans ce cas de figure, par donner un questionnaire "maison" afin de déceler, ensemble avec nos clients, l'espace des difficultés.
Nous observons que les conditions d'isolation des cadres par une politique de télétravail effectué chez eux, aggravent la supportabilité de la surcharge du travail.
Au bureau, l'équivalent de cette surcharge se présente lorsque plusieurs personnes sont absentes à cause des vacances d'été, des congés de maladie, des congés sabbatiques ou des congés de maternité.
"Que dois-je faire ? nous demande nos clients, lorsqu'ils doivent porter la charge de deux personnes voire plus ?
Une réponse d’emblée reviendrait à un manque de sérieux.
D'une part, il y une demande managériale exigeant des heures folles. Il faut commencer par essayer de comprendre le pourquoi des choses. Ne pas répondre à ces demandes pèse sur beaucoup de cadres soucieux du travail bien fait et se ruinent la santé à essayer d'être à la hauteur, à tout prix.
D'autre par, la tentation d'abandonner tout, en espérant que les retombées ne seront pas trop graves lorsque le management se rendra compte de son erreur est une conséquance de la fatigue psychique que procure l'importance des tâches à accomplir. Parlons-nous des "vœux pieux" ou de la "douce illusion"?
Si le management ne le sait pas déjà, cela s’apparenterait à de l'incompétence... Mais, cela existe aussi.
Nous l'avons mentionné lors d'un récent article en présentant le dispositif SMART : http://bit.ly/30nhAmn
Voici quelques pistes de réflexion :
Il est très facile de donner des conseils dignes des pages "Demandez à Mme Tralala Tout Ce Que Vous Voulez Savoir" des journaux de gare. On croit entendre des conseils des coaches amateurs à deux sous, parler avec condescendance :
"Vous devriez être conscient de ce que vous pouvez raisonnablement faire! Il faut que vous sachiez que vous ne pouvez pas tout faire, etc.".
Si culpabiliser l'autre était efficace, on le saurait déjà...
Pour les cadres qui subissent ce genre de situation il y a un ensemble de choses à mettre en place et en tenue de combat. C'est aussi, la nécessité de consulter des coaches ayant la capacité de proposer des actions possibles et rationnelles.
suite...
Il serait génial de pouvoir partager les responsabilités avec le management avant qu'ils vous mettent sur le dos, une liste de tâches impossibles à concrétiser. Une préparation avant l'heure montre son utilité. On peut formaliser le poids de votre travail dans un courriel dans lequel l'état d'avancement des projets, les prochaines étapes, les échéances et les principales cibles peuvent apparaître en détail. Dans le même courrier, pourquoi ne pas formuler une demande de rendez-vous ? Tout cela pour quels résultats ? Au moins cela permet de positionner les intentions du management et la valeur de leur réelle réflexion concernant leur décision de vous noyer sous une montagne de tâches.
Les délais ont leur importance. Lorsque vous devez effectuer une tonne de tâches à la fois, revenez en mode de "survie". Cela signifie un certain nombres de choses à faire. Cela fait des années que nous proposons aux cadres qui nous consultent, à penser avec un algorithme et rendre digitalisées les idées, les analyses, les cibles, les fonctions automatiques (process) à mettre en place, avant qu'ils soient submergés de sollicitations managériales.
Dans notre cabinet, donner des outils pour se battre fait partie de notre politique de coaching. Devenu ainsi le QG de combat, tout votre armement, tous vos atouts et vos possibilités seront gravés sur du concret en utilisant des outils heuristiques digitaux. Vos possibilités de mouvements et d'actions seront devant vos yeux, ainsi que vos priorités. Vous pouvez également demander, un plan heuristique à l'appui, ce que le management préconise comme "priorités". Si le management vous demande de vous expliquer, un plan écrit vaudrait mieux que des longues explications verbales. A partir de là, sortir un Gantt pour apporter de la lumière n'a fait mal à personne...
En cas d'augmentation massive des travaux urgents, se fonder sur des plans heuristiques, si possible décidés ensemble avec le management devrait, à priori, vous aider à suspendre entièrement les travaux non urgents, comme des réunions de réseautage. Il est vrai que depuis quelques années, certains malins, en profitant de l'inculture de certains DRH, ont réchauffé un vieux plat en le baptisant d'Agile, de Scrum, de Kanban, de "Crystal Methodology", de "Waterfall", "d'Extreme Programming" et que sais-je encore. La réunionite est devenue un élément clé. Cela énerve beaucoup et vole du temps utile pour le travail mais c'est la "mode". On suit...
Alors cherchons les moyens de négocier avec le management le temps et la durée pour chaque tâche. Certains managers ne sont pas aussi bêtes au point de ne pas comprendre la souffrance que procurent ces méthodes d'un ancien temps et seront parfois compréhensifs à votre égard. La quantification de votre temps par outils heuristiques digitaux sera votre atout pendant que vous allez décliner vos douleurs devant le management.
Une fois de plus, une discussion en se fondant sur des plans heuristiques, noir sur blanc, pourrait avoir son importance lors de vos demandes de l'aide. Evoquer la possibilité d'obtenir un collègue contractuel ou temporaire n'a jamais tué personne si votre demande est formulée, preuve à l'appui, grâce à un plan heuristique bien conçu et bien présenté.
En acceptant d'accomplir le travail pour 4 personnes, vous pouvez toujours vous dire que cela permet de vous tenir au courant d'une grande fenêtre de compétences dans votre entreprise et vous apprenez beaucoup de choses, etc. Vous pouvez également, par la même voie, vous sentir un superman.
En revanche, jetons un coup d’œil aux fondamentaux :
- L'entreprise n'est pas votre maison.
- Vos collègues de travail, quel que soit leur niveau de compétences, ne sont les membres de votre famille.
- Personne n'est irremplaçable.
- La fonction de base d'une entreprise est de faire des bénéfices.
- Dans chaque action il y a un contenu tacite. Analysez le ou faites vous aider à l'analyser.
- Vous êtes payé pour faire bénéficier l'entreprise de vos compétences.
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